Les délices de Tokyo

Paru en 2013 au Japon, puis en 2016 en français chez Albin Michel, le livre Les délices de Tokyo de Durian Sukegawa a rencontré un franc succès. Adapté en film en 2015 par Naomi Kawase, il a aussi remporté le prix des lecteurs Livre de Poche en 2017. C’est donc avec beaucoup d’envie que j’avais noté ce livre dans ma liste à lire, et quoi de mieux qu’un voyage au Japon pour le découvrir? Voici donc mon avis…

Un festin de générosité

Ce qui marque dans ce roman ce sont tous les bons sentiments qu’il nous transmet. Avec une tendresse toute mesurée mais pourtant intense, et surtout avec une grande délicatesse, l’auteur nous évoque une vision de la vie profondément optimiste à travers le personnage de Tokue. J’ai eu un grand coup de coeur pour ce personnage d’une générosité rare et d’une sagesse épatante. Cette vieille femme me reste encore bien en mémoire alors que voilà presque trois semaines que j’ai lu ce livre. Et à travers elle et son histoire, l’auteur nous parle du sens de la vie, du pourquoi nous existons et quel peut bien être le but de cette existence. Quel meilleur moyen de se remonter le moral?! C’est aussi la question de l’espoir, même quand tout va mal, que ce roman aborde en filigranes, et c’est fait avec énormément de justesse. Il ressort de cette histoire beaucoup de poésie et d’émotions qui nous transportent et nous touchent. Et cette rencontre entre Tokue, Sentarô et Wanaka est une rencontre salvatrice pour tous et si riche d’enseignements que le lecteur, lui aussi, peut en tirer bénéfice. Les Délices de Tokyo c’est donc indéniablement un livre que je classerais en tant que roman feel-good, car bien que parfois triste, on ressort de cette lecture avec un sourire accroché aux lèvres et une impression de sérénité absolue. 

« Dans cette veine lutte passée à se débattre au fond des ténèbres, nous nous raccrochions à ce seul point: nous étions des êtres humains, et nous tentions de garder notre fierté. »

Un roman qui fait voyager et qui donne FAIM

Comme son nom l’indique, ce roman parle aussi de nourriture et, en grande partie des dorayakis, ces petites pâtisseries japonaises délicieuses. Alors pour ceux qui en sont amateurs, ou pour tous les gourmands, je préfère prévenir, vous allez avoir très faim en le lisant car on en salive juste à la lecture. J’ai été très judicieuse de le lire en allant au Japon, j’ai ainsi pu me faire une cure de anko (pâte de haricots rouges confis) pendant plus de deux semaines après, et je n’en suis pas encore rassasiée. Mais au moins, grâce au livre, vous avez la recette et pouvez vous aussi tenter de les faire. Ce roman évoque, non seulement à travers ses traditions culinaires, le Japon d’hier et d’aujourd’hui et nous immerge dans cette société aux habitudes très éloignées des nôtres, mais jamais de façon trop déroutante. On comprend aisément tout ce qui s’y déroule et on s’en imprègne. Si j’ai regretté un léger manque de développement et une fin un peu trop ouverte, j’ai aimé le voyage que m’a fait vivre ce roman, et je ne peux donc que le recommander (mais je le répète, si vous avez de quoi manger des dorayakis à portée de main, c’est mieux ^^).

« De la pâte de haricots confis encore tiède entre deux petits pancakes joufflus fraichement cuits. Pour les amateurs, c’est un instant divin. »

En bref, Les délices de Tokyo est un roman feel-good à la nippone, qui ouvre l’appétit mais aussi l’esprit et qui donne le courage de trouver le courage de garder espoir même dans les ténèbres les plus sombres. 

« « Écouter la voix des haricots » : tel est le secret de Tokue, une vieille dame aux doigts mystérieusement déformés, pour réussir le an, la pâte de haricots rouges dont sont fourrés les dorayaki, des pâtisseries japonaises. Sentarô, qui a accepté d'embaucher Tokue dans son échoppe, voit sa clientèle doubler du jour au lendemain, conquise par ses talents de pâtissière. Mais la vieille dame cache un secret moins avouable et disparaît comme elle était apparue, laissant Sentarô interpréter à sa façon la leçon qu'elle lui a fait partager.»

(Couverture : © Tatsuro Kiuchi)

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