L'Homme maigre

Xavier Otzi, auteur déjà prolifique dans le domaine des littératures de l’imaginaire, vient de publier un nouvel ouvrage aux éditions Luciférines, mélangeant le fantastique et le thriller. Ce roman intitulé L’Homme maigre m’a été envoyé par la maison d’édition que je remercie pour sa confiance.

Un conte moderne aux thématiques universelles

L’Homme maigre c’est l’histoire relativement classique en littérature fantastique, de la créature mi humaine qui se confronte à l’homme souvent beaucoup plus monstrueux que celui qualifié de « monstre ».Même si c’est un schéma assez courant qui trouve racine dans des mythes tel que celui de la créature du docteur Frankenstein, L’homme maigre apporte une originalité par sa modernité et par l’incursion d’un autre genre : le thriller. Ancré dans notre temps et dans une urbanité lyonnaise réaliste, ce petit roman de 200 pages nous plonge dans ne modernité rare dans le domaine qui apporte une touche de crédibilité au récit fantasque, mêlant en plus des références pop culture intéressantes. Et, même si on ne s’attend pas à croiser Djool, cet être hybride, au coin d’une rue, cet ancrage dans la réalité nous permet une analyse de notre propre société et de l’humanité actuelle. J’apprécie toujours cette réflexion sur l’animalité de l’homme et l’humanité des « monstres » de la littérature. Même si c’est un schéma déjà-vu, cette histoire m’a touché. Djool est terriblement attachant et on s’éprend d’amitié pour lui qui cherche juste à s’intégrer dans une société qui le rejette pour ses différences, et qui, en même temps, se rend compte que l’homme n’est pas forcément la créature idéale qu’il s’imaginait. Djool devient alors le représentant de tout un pan d’individus rejetés de notre société, qu’ils soient simplement atypiques, marginaux ou étrangers.

« Syrie, Ukraine. Les images déversaient un flot de sang, la fumée remplissait progressivement l’écran. Les cris et les détonations, les discours pleins de certitudes, la bêtise. Djool cherchait à interpréter. Il sentit son cœur se serrer. Etait-ce bien le monde qu’il rêvait de rejoindre ? »

Une ambiance immersive mais un aspect thriller trop bref

Je ne connaissais pas la plume de Xavier Otzi avant cette lecture et j’avoue avoir énormément apprécié son style. Il sait manier les mots pour créer une ambiance très particulière, quasiment palpable, qui m’a emporté dans le récit. J’avais les odeurs de terre et les sonorités blues en tête et j’ai adoré ça. Pour le côté « thriller », le suspens n’est pas toujours forcément maîtrisé ou à son comble mais cela dynamisait tout de même le récit, créant des doutes et des attentes de révélations. Cela apportait aussi une touche d’originalité à l’aspect plus classique de la thématique monstre/homme. Malheureusement, le gros défaut de ce livre c’est qu’il était trop court ! Du coup, l’ambiance enquête passe un peu au second plan et n’est pas assez investie pour créer un vrai coup de cœur. En effet, si  certaines révélations m’ont vraiment surprises, d’autres éléments ont pour moi trop trainé en longueur pour la petitesse du récit (pour rappel, 200 pages). A noter aussi que j’ai trouvé le personnage de Konrad trop changeant au milieu de texte, ne comprenant pas vraiment ce qu’il souhaitait ou ce qu’il était. Et même si cela s’éclaire sur le final, j’ai trouvé sa psychologie peut-être un peu floue pour les lecteurs. Malgré tout, c’est un personnage, tout comme Djool, extrêmement intéressant et il donnait, lui aussi, une ambiance toute particulière au récit.

« Toujours retenir l’option la moins raisonnable… n’était-ce pas le propre de l’homme ? Jamais il ne s’était senti aussi humain, jamais la bête n’avait affleuré si près sous sa peau. »

« Hybride mi-homme mi-bête, Djool dissimule sa nature et vit dans la solitude d’un cimetière de campagne. Quand il ne creuse pas la terre, il explore les plaisirs de la surface, joue du blues sur sa guitare, s’autorise des virées à Lyon, se passionne pour la télévision, découvre la saveur des aliments cuisinés. Sa vie bascule le jour où il croise la route de Konrad, un taxidermiste maniaque à la recherche d’une dépouille humaine pour composer sa plus belle chimère. Convaincu d’avoir trouvé un ami, Djool lui révèle ses souffrances et Konrad lui promet d’y mettre un terme. En échange, il doit l’aider à voler un corps. »

(Illustration de couverture : ©Hekx)

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