Iluvendan. Tome 2: Le crépuscule du cristal

Iluvendan est une série en deux tomes parue en 2011 et 2012 aux éditions indépendantes de L’Homme sans nom et signée à quatre mains par Nicolas Debandt et Marc-Antoine Fardin. Je vous avais chroniqué, il y a peu, le tome 1, Rencontre avec Gaëria, voici, ici, la chronique du tome 2, (dont la couverture d’Alexandre Dainche est toujours aussi sublime) intitulé Le crépuscule du cristal. 

[Avant-propos: si vous n’avez pas lu le tome 1 d’Iluvendan, et que vous envisagez sérieusement de lire la série, vous pouvez lire cette critique qui ne révèle rien mais ne lisez pas le résumé pour ne pas vous spoiler le premier tome.]

Haletant, captivant, riche, mais sans doute un peu trop. Si vous avez lu ma critique de Rencontre avec Gaëria, vous savez que j’étais restée assez déçue et perplexe après ma lecture. J’avais adoré l’univers, l’écriture et les idées sous-jacentes, mais l’ensemble était si riche que j’étais relativement perdue la plupart du temps, les actions et les données à intégrer étant amenées trop rapidement. Je pensais même ne pas lire le tome 2. Et pourtant, ça aurait été une belle erreur, car ce deuxième opus est nettement plus agréable à lire que ne l’était le premier, et, sans lui, je serai passé à côté du plaisir que j’espérais tant ressentir via cette série. 

« La morale même a-t-elle vraiment un sens? Là n’est pas la question, tu dois comprendre qu’une mort, un mensonge, un assassinat n’a d’importance que pour ceux qu’il touche. On ne s’émeut jamais d’un crime dont on n’a pas conscience, et on ne s’émeut jamais vraiment d’un crime commis sur un inconnu. » 

J’ai commencé Le Crépuscule du cristal en prenant le temps de bien tout saisir, quitte à revenir parfois en arrière. Heureusement, l’ensemble est beaucoup plus clair, d’autant que les personnages principaux sont, cette fois, pendant plus de la moitié du livre, dans le même lieu. Les actions sont également plus détaillées, un chapitre se concentrant aisément sur une seule scène, facilitant ainsi mon immersion dans l’univers si envoûtant offert par les deux auteurs et renforçant les émotions que l’histoire transmet. La conclusion du premier tome s’est éclaircie, je voyais enfin, à peu près, où on allait en venir. Par moments cependant, des erreurs d’écriture me faisaient perdre le fil (comme par exemple un personnage féminin, Goma, qui, lorsqu’elle parle est désignée comme un personnage masculin « dit-il » p.184).  Il y a également quelques coquilles qui restent dans le récit et sont parfois un peu gênantes. Ex: « […] et certains, comme les ancêtres d’Eänielle, finirent même s’intégrer. » (p.252). 

« Le peuple invente un système. Le système légitime un homme. L’homme use de son autorité dans ce système. Il en a le droit, même s’il perd sa crédibilité auprès du peuple. Alors le peuple choisit un nouvel homme. Et le schéma se perpétue. »

Côté histoire, c’est un très bon récit et les personnages sont mieux définis que dans le premier tome, leur psychologie me paraît plus claire (même si j’ai toujours des soucis avec Fëasil) et j’ai adoré découvrir certains personnages secondaires qui m’ont plus marqué que les principaux, en particulier la Graveuse Goma, très juste et qui a toute sa place dans mon panthéon des grands sages de la littérature. L’ensemble est plus travaillé, plus trépidant aussi, nous donnant vraiment envie de ne pas poser le livre pour savoir ce qui va se dérouler. L’émotion aussi s’installe dans ces pages, la violence et la cruauté du totalitarisme prenant pleinement vie dans ce second tome. 

« Les douleurs qui le parcouraient s’intensifièrent jusqu’à devenir insupportables. Son sortilège ne fut qu’un murmure et ne fit naître qu’un seul Silem. Sur la joue du Maître Graveur ne coula qu’une seule larme. »

Je pense cependant, vu la richesse de l’univers et la quantité d’actions, que la série aurait mérité plus de tomes pour être plus compréhensible. En effet, certains évènements sont annoncés et ne se déroulent pas dans le récit, on en apprend uniquement la conclusion. Ceci est particulièrement frustrant et déroutant puisqu’il nous manque des éléments de l’histoire. De même, les sujets abordés sont très nombreux: totalitarisme, respect de la terre, quête de pouvoir, humanité, voyage dans le temps etc. ; et un plus long développement aurait profité à ces thématiques fort intéressantes mais parfois trop survolées, en particulier la thématique temporelle qui reste floue pour moi. 

En bref, Iluvendan est une série dont le défaut est d’être trop courte pour profiter entièrement de ce qu’elle a à offrir. Le tome 2 est nettement plus intéressant que le premier, regroupant les qualités du livre 1 en y ajoutant une histoire moins construite, plus claire et plus haletante et à la conclusion vraiment sympathique. Je conseille du coup la lecture de cette série, malgré un premier opus où il faut s’accrocher. 

« Iluvendan. Une cité où la magie et la technologie se côtoient et s’entremêlent.

Le Iolthän, étrange cristal noir, source d’énergie mystérieuse, assure la prospérité de la cité, fait voler ses aéronefs, offre le confort à ses habitants.

Mais cela, c’était avant.

Avant que la pénurie organisée par le gouvernement embrase Gaëria de guerres terribles. Avant que les dangers du Iolthän soient connus de tous...

Klaod, Fëasil, Imenel, Narf et Eänielle : cinq jeunes gens sur qui repose la Résistance qui lutte contre le totalitarisme du gouvernement. Et alors que les trahisons se succèdent, que les drames entraînent les héros toujours plus bas, que les batailles désespérées s’enchaînent, ils devront envisager les plus terribles sacrifices pour rétablir l’équilibre à la surface de Gaëria…"

(Illustration de couverture: © Alexandre Dainche)

Pour en lire les premières pages, cliquez ici. 

Autre tome de la série:

Tome 1: Rencontre avec Gaëria