Zodiac

Terriblement intéressant mais une déception malgré tout. Fincher maîtrise le thriller, il a d’ailleurs rencontré le succès grâce à Se7en, mais ici, il semble avoir été pris à son propre jeu en ayant été happé par l’histoire pour laquelle il a enquêté longuement. Du coup, au final, le film est sans doute trop chargé en informations, et penche parfois vers le documentaire. Il reprend les noms, les scènes, les évènements autour du tueur du zodiaque qui a sévit durant l’enfance du réalisateur, et ce, avec précision. Malgré quelques ajustements pour rendre le tout plus cinématographique, bien entendu, le film fait preuve d’une forte connaissance de son sujet. Mais le soucis est que l’affaire est complexe, qu’elle contient beaucoup d’éléments et, en conséquence, si on ne suit pas suffisamment, on s’embrouille. Il faut reconnaître et saluer le courage de Fincher d’avoir abordé cette histoire si difficile à retranscrire clairement.

Cet aspect trop « sérieux » se ressent aussi dans l’ambiance. Sur la première partie du film, et notamment sur les scènes de meurtre, l’ambiance n’est pas suffisamment intense à mon goût. Cependant, sur la seconde partie, axée sur l’enquête de Mr Graysmith, l’environnement musical est plus pertinent et permet, avec subtilité, de faire monter l’angoisse et le suspens avec une réelle maîtrise. J’ai d’ailleurs, de manière globale, une réelle préférence pour cette seconde moitié du long-métrage malgré un Jake Gyllenhaal (Love, et autres drogues, Source Code) un peu mauvais, mais pas autant que Chloë Sevigny (Mr Nice, The Killing room), interprétant sa femme.

La véritable intelligence ce film réside dans l’idée de Fincher de ne pas l’axer, contrairement au titre, sur le tueur lui-même mais sur les personnes qui ont sacrifié leur vie, ou une partie, à cet homme, et qui en sont finalement devenus des victimes collatérales. Il réalise ici, une magnifique illustration à travers trois portraits, de la possibilité de perdre sa vie, à cause de quelqu’un, autrement que par la mort: Robert Garysmith qui est devenu complètement obsédé par le zodiaque et y laisse sa vie familiale, Paul Avery qui se détruit complètement dans son enquête, l’inspecteur Toschi qui y laisse une grande part de son existence… Et le plus étonnant c’est que cette obsession a déteint sur Fincher lui-même. Il a réalisé, avec son équipe, un travail d’enquête minutieux, long, précis, se rendant sur les lieux des crimes, interrogeant des proches de victimes et de suspects. L’intérêt qu’il a eu pour l’histoire du Zodiaque est fort et se ressent parfaitement dans le soucis du détail. 

En bref, Zodiac n’est pas le meilleur Fincher qui s’est sans doute trop attaché à relater les faits aussi précisément que possible, mais nous pouvons quand même dire que c’est un bon film, bien ficelé, bien pensé. Il faut juste s’accrocher sur la première partie qui pêche un peu sans doute à cause d’un manque d’intensité dans le jeu de certains acteurs et dans la BO sur de début de film.

Bande-annonce:

"Zodiac, l'insaisissable tueur en série qui sévit à la fin des années 60 et répandit la terreur dans la région de San Francisco, fut le Jack l'Eventreur de l'Amérique. Prodigue en messages cryptés, il semait les indices comme autant de cailloux blancs, et prenait un malin plaisir à narguer la presse et la police. Il s'attribua une trentaine d'assassinats, mais fit bien d'autres dégâts collatéraux parmi ceux qui le traquèrent en vain.
Robert Graysmith, jeune et timide dessinateur de presse, n'avait ni l'expérience ni les relations de son brillant collègue Paul Avery, spécialiste des affaires criminelles au San Francisco Chronicle. Extérieur à l'enquête, il n'avait pas accès aux données et témoignages dont disposait le charismatique Inspecteur David Toschi et son méticuleux partenaire, l'Inspecteur William Armstrong. Le Zodiac n'en deviendrait pas moins l'affaire de sa vie, à laquelle il consacrerait dix ans d'efforts et deux ouvrages d'une vertigineuse précision..."