Si tu tends l'oreille

Sorti initialement en 1995, il aura fallu attendre 20 ans pour voir le DVD du film Si tu tends l’oreille de chez Ghibli naître chez nous. Et pourtant, il s’agit de l’adaptation d’un manga de Aoi Hïragi, auteur aussi d’un second manga dans le même univers, qui est adapté sous le titre Le Royaume des chats en 2002, titre bien connu du studio d’animation japonais.

Enchanteur et poétique. Mettons d’abord les choses au clair, Le Royaume des chats n’est pas une suite de Si tu tends l’oreille, même si Matu et Le Baron sont communs aux deux oeuvres. Mais après avoir vu Si tu tend l’oreille, vous ne verrez plus jamais Le Royaume des chats comme avant. Celui-ci m’apparaît aujourd’hui comme l’oeuvre écrite par Shizuku, l'héroïne du premier film. Les deux adaptations sont très différentes à de nombreux points de vue. D’une part parce que le réalisateur de Si tu tends l’oreille, Yoshifumi Kondo, n’aura malheureusement fait qu’un seul film avant son décès brutal en 1998, du coup de nombreux éléments, notamment les dessins (et c’est pour le mieux) sont différents. D’autre part, l’un est totalement fantasque alors que l’autre est emprunt d’une réalité pleine d’émotions. Alors que Le Royaume des chats était un conte très enfantin, Si tu tends l'oreille s'ancre dans la vie réelle, dans sa routine et ses difficultés qu'il faut surmonter. 

Si tu tends l’oreille c’est avant tout une histoire de passion. Les passions d’une jeune fille dévoreuse de livres, celle d’un jeune luthier, celle des premiers émois amoureux, celle d’un vieil homme qui n’oublie pas l’être aimé… Et tout cela a créé en moi une double émotion, les larmes aux yeux parfois, tout simplement parce que c’était beau et que l’histoire me parlait complètement et surtout le sourire souvent, béat devant la poésie de cette histoire. Certains n’y verront certainement pas tout cela, mais dès lors que le film débute autour des livres et des bibliothèques mon coeur s’emballe (je ne suis pas bibliothécaire pour rien). Si tu tends l’oreille parle aussi de courage, celui nécessaire pour savoir ce que l’on souhaite pour notre avenir, pour affirmer qui nous sommes. Il est aussi emprunt de rêves, ceux des protagonistes pour leur avenir, ceux de la création littéraire. J'ai d'ailleurs particulièrement aimé les passages où le roman de Shizuku nous apparaît à l'écran, quand son imagination déborde sur sa réalité. C'était beau, tout simplement beau.

Je pourrai en parler longuement encore mais ce n’est pas nécéssaire, vous l’aurez compris, j’ai adoré l’histoire. Et j’ai d’autant plus adoré que Le Royaume des chats que j’appréciais moins que les autres productions Ghibli m’apparaît maintenant sous un nouveau jour plus agréable. Alors certes, c'est un peu doucereux comme histoire, mais ça fait du bien et rien que pour ça, tant pis pour le côté mielleux. Pour ce qui est du style, l’animation japonaise reste un grand coup de coeur. Ce n’est peut-être pas le plus soigné du studio mais il reste très appréciable à ce niveau-là également. La musique est aussi très différente des Ghibli habituels mais comme elle est ponctuée d’une chanson écrite par l’héroïne, elle en devient touchante elle aussi. 

En bref, si vous voulez sourire et rêver, Si tu tends l’oreille est parfait. Et si, comme moi, vous êtes des amoureux des livres et des mots, vous apprécierez d’autant plus le moment passé auprès de Shizuku, qui, 24h après le visionnage, me manque déjà.

Bande-annonce:

Synopsis:

« Mimi wo sumaseba (Si tu tends l'oreille) se déroule à Tama, ville en banlieue de Tokyo, dans le milieu des années 90. Shizuku Tsukichima, une collégienne de 14 ans, est une jeune fille rêveuse et passionnée par les romans et les contes. La jeune fille emprunte souvent des livres à sa bibliothèque. Mais un jour, sur les fiches d'emprunts des romans, elle remarque qu'un mystérieux Amasawa Seiji lit exactement les mêmes ouvrages avant elle. Plus tard, alors qu'elle emprunte un nouveau roman, elle s'aperçoit qu'il s'agit d'un ouvrage rare offert par un donateur, un certain Amasawa. Mais qui est donc cette personne ? A-t-il un lien avec ce mystérieux Seiji ?… »