Une Exécution ordinaire

En février 2007, Marc Dugain, auteur de plusieurs oeuvres comme La Malédiction d’Edgar ou Avenue des Géants, publiait aux éditions Gallimard le roman intitulé Une éxécution ordinaire. Il s’auto-adaptera sur grand écran 3 ans plus tard avec un premier long-métrage éponyme qui reprend la première partie de son ouvrage. 

Une fresque politique russe amère. Amer, c’est le goût que m’a laissé ce roman alors que j’en ai achevé la lecture… Amer parce que l’histoire que je m’attendais à lire, celle vendue par les résumés, n’est pas celle qui m’a été offerte. On attend en effet 200 pages pour entendre parler de ce fichu sous-marin! Et amer aussi parce que l’ambiance lugubre des discours politiques interminables dérange et intrigue autant qu’elle ennuie. Et pourtant l’écriture est agréable, riche, avec des formulations piquantes à souhaits qui réveillent par instants l’intérêt du lecteur. 

« L’idée de faire un port à la latitude du cercle polaire s’explique par le fait que la mer n’y gèle jamais, réchauffée par le Gulf Stream, un de ces rares étrangers à avoir été autorisé à circuler librement sur nos côtes tout au long de notre histoire sans être un agent double. »

Ce qui pose problème avec ce roman de Marc Dugain, c’est sa quatrième de couverture… En effet, ce qu’il nous offre à lire n’est pas ce que le résumé indique. L’auteur délaisse cette histoire de sous-marin qui n’est que prétexte à dépeindre une politique russe dans son histoire récente, politique qui se joue depuis Staline de la vie des gens du peuple pour son bien. En effet, lorsque l’on s’attend à lire une histoire datant de 2000 et que sur 150 pages nous sommes sous la régime stalinien c’est perturbant. Idem pour les étapes où l’on suit Poutine lorsqu’il était membre du KGB ou encore les dialogues interminables de deux membres de ce même KGB évoquant la chute du système communiste. Ces passages, bien qu’intéressants sur de nombreux points, ne sont que peu liés à la trame décrite dans le résumé. 

« Cette génération était convaincue de n’avoir pas plus de place dans ce monde des vainqueurs que dans celui des vaincus, la misère n’ayant que faire de la liberté, surtout quand elle ne résulte pas d’une conquête. »

Finalement, le roman n’est absolument pas centré sur l’histoire de ce sous-marin et son mystère. Il retrace plutôt la Russie de la deuxième moitié du XXème siècle, à mi-chemin entre dégoût et admiration mais sans aucun doute, avec une curiosité passionnée. J’avoue cependant que, n’étant pas forcément aussi intéressée que Marc Dugain par ce monde politique russe, je n’ai pas achevé la lecture à ma première tentative. Les discours sont parfois si interminables que mon attention s’est détachée rapidement. J’ai commencé à accrocher à partir de 200 pages lorsqu’enfin, le sous-marin intervenait. Et pourtant je ne peux pas nier que l’ambiance de la première partie est bien présente, oppressante et intriguante à la fois, avec un Staline aux phrasés somptueux et au charisme effrayant. Mais ça n’aura pas suffit pour moi…

« Alors il lui dit d’une voix tremblotante: 

- Je n’ai jamais célébré la vie à ce point et jamais tu n’as été aussi prêt de la mort. As-tu senti sa caresse sur ton cou? »

En bref, Marc Dugain signe plus ici un livre politique sur une Russie aux tournants de l’Histoire. Il d’écrit à merveille un système russe qui méprise la vie humaine et des citoyens qui ne savent plus quoi penser. Mais pour l’histoire du sous-marin, oubliez… 

" Au mois d'août de l'an 2000, un sous-marin nucléaire russe s'abîme dans des profondeurs accessibles de la mer de Barents. Vania Altman ferait partie des derniers survivants. Dans un port du cercle polaire, la famille Altman retient son souffle : elle risque une nouvelle fois de se heurter à la grande Histoire. Un demi-siècle après la mort de Staline, c'est désormais un ancien du KGB qui gouverne la Russie. 

Après nous avoir fait pénétrer dans les coulisses du FBI avec La malédiction d'Edgar, Marc Dugain offre ici une véritable fresque de la Russie contemporaine. Inspirée de faits réels, elle révèle le profond mépris pour la vie manifesté par les gardiens paranoïaques de l'empire russe."