Maintenant qu’il fait tout le temps nuit sur toi

En 2005, paraissait aux éditions Flammarion un nouveau récit signé Mathias Malzieu (Le Journal d’un vampire en pyjama, La Mécanique du coeur, …). Ce dernier, intitulé Maintenant qu’il fait tout le temps nuit sur toi, est un petit livre très intime évoquant le décès de sa maman et son deuil. Il paraît en poche chez J’ai Lu en 2006 puis en coffret (que j’ai eu l’immense chance de me voir offrir par un ami) avec La Mécanique du Coeur et 38 mini westerns (avec des fantômes) en 2011. Commencé et fini le jour de sa réception, en voici mon avis…

Un récit qui est comme un pansement pour le coeur. Vous commencez certainement à le savoir mais je suis particulièrement sensible à l’univers de Mathias Malzieu et à la poésie de ses récits. Mais jamais encore il ne m’était arrivé (et ce avec aucun livre de qui que ce soit d’ailleurs) de fondre littéralement en larmes dès la première page. Dès les premiers mots, les douleurs de deuils vécus me sont revenues en pleine poire, comme si les mots que je lisais étaient une porte vers mes émotions, en connection directe vers mon coeur et mes souvenirs les plus douloureux et intimes. Ces premiers mots étaient pour moi si poétiques et si vrais que ça m’a complètement déboussolé et que j’ai eu envie de dévorer la suite pour soigner mes propres maux avec les mots de Mathias Malzieu, comme si son récit était un baume sur mon âme, (à la manière de l’ombre de Giant Jack). 

« Il y a bien les souvenirs, mais quelqu’un les a électrifiés et connectés à nos cils, dès qu’on y pense on a les yeux qui brûlent.

Maintenant qu’il fait tout le temps nuit sur toi. »

Alors oui, c’est un récit très personnel de deuil mais cela parle, je pense, à quiconque ayant vécu de genre de moment particulier où le vide prend toute son importance, où les ombres semblent gagner du terrain sur la vie, et où les souvenirs, même les plus beaux, deviennent aussi coupants qu’une lame de rasoir le temps de l’acceptation. Ce qui est intéressant c’est qu’au-delà des faits réels impliqués ici, l’aspect fantastique et le rêve entrent dans le récit, pour soigner l’auteur de son deuil et pour nous soigner aussi, indirectement. Ce n’est donc pas juste un récit personnel ancré sur Terre mais il laisse, au contraire, tout l’espace à l’imagination de Mathias Malzieu pour qui, le rêve, est signe qu’il s’accroche à la vie. Ce n’est pas qu’un enchaînement de moments larmoyants, c’est aussi un récit d’espoir, de sourires et de tendresse. 

« On fait semblant de marcher, on imite ce que nous étions avant, quand tu étais encore là. Quelques minutes plus tôt, tu t’effondrais entre nos doigts, mais tu y étais encore. 

Alors on avait peur et mal. Mais c’était rien à côté du vide qui nous a explosé silencieusement à la gueule avec le petit « c’est fini » de l’infirmière. »

En plus de véhiculer un flot d’émotions intenses, ce petit livre est magnifiquement écrit. La poésie de Mathias Malzieu reste intacte même si les jeux de mots sont moins présents qu’à l’accoutumée. On est plutôt ici dans un environnement métaphorique moelleux et agréable qui nous berce et nous soulage. Et comme il est plus ancré dans l’aspect fantastique que son dernier récit personnel, Le Journal d’un vampire en pyjama, même ceux qui préfèrent la fiction à la réalité risquent de s’y laisser accroché. Enfin, sachez qu'une grande partie de l'album de Dyonisos, Monsters in love (2006), s'inspire de ce récit.

En bref, Maintenant qu’il fait tout le temps nuit sur toi devrait être un livre que l’on vous prescrit lorsque vous vivez un « deuil difficile ». Il est touchant, il est beau, il fait du bien, comme un baume pour les coeurs brisés.

« Mathias, un jeune homme d’une trentaine d’années, vient de perdre sa mère. Sur le parking de l’hôpital, il rencontre un géant qui l’aide à accepter de vivre malgré cette disparition et l’invite à un voyage fantastique dans le pays des morts. Cette évasion dans l’imaginaire, lui permettra de passer d’un monde enfantin peuplé de super héros rassurants au monde plus cru et cruel des adultes. »

Clip de la chanson « Neige » issue de l’album Monsters in love de Dionysos: