Les Sanctuaires du mal

Terry Goodkind est un auteur inévitable dans le paysage actuel de la fantasy avec notamment sa grande saga bestseller L’épée de vérité. Et quand on me dit que ce grand auteur se met au thriller, mon petit coeur s’accélère forcément et j’en trépigne d’envie. Les éditions Bragelonne publie le 28 juin prochain Les sanctuaires du mal, que j’ai eu la chance d’avoir un peu avant l’heure pour pouvoir vous en parler…

[Aparté: je remercie vivement les éditions Bragelonne pour la confiance et pour l’envoi de ce livre. Comme toujours, mon avis n’est pas influencé par le fait qu'il s'agisse d'un service presse.]

Une plongée réussie dans les territoires du Mal

Quand on est un auteur reconnu dans un genre très spécifique, il est parfois difficile de réussir l’essai de sortir de sa zone de prédilection. Et croyez-moi, Terry Goodkind a transformé cet essai haut-la-main avec Les Sanctuaires du mal. Bien que distillant quelques très légers détails possiblement fantastiques (quoique…), il s’agit bien là d’un thriller ancré dans notre réalité. Pour autant, l’immersion dont il est le maître est intacte dans ce nouveau genre. Dès les premières lignes, on se retrouve complètement happé par l’ambiance sombre, cruelle et terriblement mystérieuse de ce récit. La chape d’angoisse s’installe progressivement, nous enveloppant un peu plus à chaque page. L’écriture, évidemment, est fabuleuse, et vient chercher le lecteur pour l’imprégner de l’atmosphère sombre de cette histoire. Certains passages noirs seront peut-être jugés trop pessimistes, mais pour ma part, leur réalisme m’a juste glacé le sang. En effet, Terry Goodkind met ici en avant un monde en perdition, le notre, de plus en plus dirigé par la violence et dont les menaces les plus dangereuses ne sont pas forcément visibles puisque venant du numérique. Il interroge la violence, la peur, le danger de l’homme pour l’homme, ou encore l’éternelle lutte du bien contre le mal. Et pour illustrer cela, le personnage de Kate Bishop est juste fabuleux. Femme d’action, volontaire, un brin dangereuse mais avec des faiblesses, qui veut garder une foi en l’humanité...; elle m’a complètement embarqué et j’ai juste eu un grand coup de coeur pour elle. Son don, de voir dans les yeux des gens si ils sont des tueurs, est terriblement envoûtant et dérangeant, tant il prouve que le Mal absolu se cache là où on l’y attend le moins…

« […] la plongée vers un nouvel âge sombre est commencée. Pour atteindre le fond, il faudra longtemps, et nous ne vivrons pas assez vieux pour voir ça. En attendant, nos vies seront chaque jour un peu plus menacées, un peu moins juste et un peu plus frustrantes.»

Un rythme qui ne conviendra pas à tous

Bien que ça ne m’a absolument pas dérangé, je dois vous mettre en garde sur le fait que ce thriller n’est pas de ceux qui vont à 100 à l’heure de la première à la dernière ligne. Si certaines scènes sont extrêmement haletantes et palpitantes, l’auteur les intercale avec des passages de dialogues qui pourront, peut-être, paraître longs à certains lecteurs habitués à un rythme effréné. Pour ma part, ces moments ne m’ont pas lassé ou ennuyé un seul instant car ils contribuent à cette ambiance si particulière et ils crédibilisent aussi le propos du récit, notamment les histoires de dons qui, sans apport explicatif, ne pourraient pas être crues à ce point. Certains éléments complexes m’ont par contre légèrement freiné dans mon immersion, notamment concernant le dark web dont les informations sont si peu vérifiables à mon niveau que cela me bloque un peu. Mais rassurez-vous, bien que les échanges sont parfois longs, l’action revient toujours et l’adrénaline n’en surgit que mieux. Parfois, d’ailleurs, (je le précise pour les âmes sensibles), c’est assez trash dans l’action. Terry Goodkind ne fait pas dans l’étalage sanglant inutile et racoleur, mais il n’y va pas non plus avec le dos de la cuillère. La fin du roman est juste terriblement géniale, si haletante je ne pouvais plus poser le livre sans l’avoir achevé et qu’en même temps, tourner la dernière page faisait l’objet d’une torture tant elle me fait espérer une suite… Et selon ce constat, le travail de l’écrivain est ici accompli: un bon livre étant un livre que nous craignons de quitter. 

« En principe, John se félicitait de son sens du rangement et de la propreté. Dans les circonstances présentes, qui aurait pu le blâmer de négliger les tâches ménagères? 

La vaisselle attendrait. Le Diable passait avant.»

En bref, à quand la suite Mr. Goodking? Non parce que là c’était plutôt génial et que j’en veux plus! Les Sanctuaires du mal est un essai réussi du côté du thriller pour l’auteur, avec une ambiance vraiment particulière qui imprègne le lecteur, et des sujets actuels assez glaçants. Et pour rappel, ça sort le 28 juin!

« Quand son frère John est brutalement assassiné, le monde de Kate Bishop s’écroule : elle a échoué à sauver cet être si sensible qui voyait le mal partout. Et si sa mort était la preuve qu’il avait raison ? Impliquée malgré elle dans l’enquête, Kate découvre qu’elle partage ce don : d’un regard, elle sait reconnaître les tueurs. Jack Raines, un spécialiste du « dark web », prétend pouvoir la protéger. Mais Kate n’a qu’une envie : fuir. Car si elle peut voir le mal, le mal la voit aussi… et les yeux de Jack Raines ne lui disent rien qui vaille. »

(Couverture : © Paul Gooney / Arcangel images)