Le Fléau

Stephen King publiait en 1978 The Stand ou Le Fléau en français en version coupée de 400 pages par rapport au manuscrit original. Face au succès, il sera réédité en version complète d’environ 1500 pages en 1990, souvent sous la forme de 3 livres puis de deux. Il sera même adapté en mini-série TV et en comics Marvel. Le projet d’un film n’a quant à lui encore jamais vu le jour. C’est aussi la première apparition de Randall Flagg, antagoniste récurrent de King. 

Tout ça pour ça… Malgré l’enthousiasme assez général des lecteurs du Fléau, j’en ressors passablement déçue, même si dans l’ensemble, c’est un assez bon livre. J’ai vraiment beaucoup aimé le début, avec l’épidémie sous-jacente qui arrive, laissant un soupçon de tension léger mais tenace qui nous prend aux tripes comme le fait si bien l’auteur. Mais ensuite, ce fut un long périple passablement vide et légèrement ennuyeux. Je finissais parfois par me dire que j’allais abandonner et ne pas lire la suite, mais je me suis accrochée parce que c’est Stephen King (et malgré des chapitres à rallonge qui ne facilitait pas la tâche). 

« Joe Bob se sentait bien; il ne pensait pas du tout mourir. Pourtant, il était déjà malade. Car il n’avait pas pris que de l’essence à la station-service de Hapscomb. Et il donna à Harry Trent beaucoup plus qu’une simple contravention. Harry, un homme sociable qui aimait son travail, transmit la maladie à plus de quarante personnes ce jour-là et le lendemain. »

Ce qui m’a surtout dérangé c’est l’aspect très religieux de la chose. Dans un roman post-apocalyptique, j’attends de lire ce que deviennent les humains dans une situation aussi inédite. Or, Stephen King a fait, selon moi, l’erreur de tout placer sous un aspect métaphysique, oubliant finalement que l’homme peut faire bien pire sans avoir besoin d’être guidé par un élément mystique. Ce n’est pas ce que je voulais, et c’est ce qui m’a profondément déçue. Je voulais du sang, de l’action, des trahisons, le tout sur un plan très humain, et pas guidé par la main du Dieu ou les pouvoirs d’un être démoniaque. D’autant que sur la première partie, certains éléments allaient dans la sens « humain » de la chose mais ont finalement été laissés pour compte ensuite et deviennent anecdotiques. 

« - Mes ordres sont de ne laisser personne sortir du campus. J’ai l’intention d’exécuter mes ordres. Si ces étudiants ne font que manifester, pas de problème. S’ils essaient de sortir… A vous. 

- Vous ne voulez pas dire…

- J’ai dit ce que j’ai dit, Burleigh. Terminé.

- Philips! Philips! répondez-moi, nom de Dieu! Ce ne sont pas des Viets! Ce sont des enfants! Des Américains! Ils ne sont pas armés! Ils… »

J’ai lu malgré tout « rapidement » les 1500 pages que constituent Le Fléau parce que c’est bien écrit et que j’espérais vraiment trouvé ce que j’attendais au chapitre suivant. Certains personnages sont en plus relativement attachants (Tom Cullen en tête évidemment), même si d’autres sont passablement inutiles voir désagréables à suivre. J’aurai bien aimé que l’histoire ne se concentre pas uniquement sur les « gentils » mais aille un peu plus dans le côté « méchants ». Je pense en effet qu’il y avait là plus d’aspect psychologique à creuser et que ça aurait apporté une touche plus construite à l’ensemble. Et j’aurai souhaité aussi que le titre du livre 3 « L’affrontement » ne soit pas si mensonger. 

« Voilà le fléau de la race humaine. La sociabilité. Et le Christ aurait dû dire: "En vérité je vous le dis, lorsque deux ou trois d’entre vous se réunissent, un autre pauvre type va se faire casser la gueule dans pas longtemps." »

Pour ce qui est de l’aspect fort détaillé, dû à la réédition sans coupure, je ne le blâme pas parce que c’est vraiment bien fait et que chaque détail apporte une pierre de plus à la construction de personnages complexes. Ce n’est donc pas la longueur qui a eu raison de mon plaisir mais le manque de contenu humain après tant de descriptions de personnalités. Quel dommage…

En bref, Le Fléau est un bon livre, mais pas le meilleur de Stephen King et il est loin d’être un bon roman post-apocalyptique. Si vous n’attendez pas d’éléments psychologiques purement humains ça pourrait vous plaire, mais sinon, vous serez vous aussi fortement déçus. (Je vous conseille plutôt des choses comme Vongonzero de Yana Vagner dans le genre épidémique d’ailleurs). 

« Il a suffit d'une erreur d'une nanoseconde de la part d'un ordinateur d'un laboratoire de l'armée américaine pour que s'en suivre la mort du monde entier.

Le fléau, avec un taux de contamination de 99,4%, cette supergrippe transformera l'humanité en apocalypse.

Quelques survivants, ne se connaissant pas, cherchent à rejoindre celle qu'ils voient dans leurs rêves, et qui s'appelle Mère Abigaël : une vieille femme noire de 108 ans dont dépend leur salut.

Mais cette terre dévastée est aussi parcourue par Randall Flagg, l'homme sans visage, l'homme noir, qui possède d'étranges pouvoirs.

C'est la fin des temps, et le dernier combat entre le Bien et le Mal peut commencer. »