Carrie

Publié pour la première fois en 1974, puis en 1976 en français, Carrie est le premier roman de Stephen King. D’abord abandonné par l’auteur après 3 pages de manuscrit puis finalement amené chez un éditeur après qu’on l’ait encouragé à poursuivre, il s’agit du début d’une carrière fulgurante d’un auteur aujourd’hui inévitable. J’ai parcouru, pour ma part, l’édition 1978 de poche en français, en collection J’ai lu.

Un premier roman un peu maladroit mais franchement prometteur. Après ma déception à la lecture du Fléau, il fallait que je tente de me réconcilier avec l’auteur si idolâtré. J’ai alors décidé de participer à un club de lecture Stephen King (cliquez ici pour le rejoindre). Carrie n’était donc pas une lecture choisie et c’est, je l’avoue, à reculons que je l’ai commencé. Et pourtant, finalement, je suis plutôt bien surprise. C’est un petit roman bien sympathique dans son ensemble, malgré ses défauts (assez nombreux, tout de même) et que j’ai vraiment apprécié de lire.

« Au mur, Dieu me regarde 

Avec son visage de pierre. 

Il me dit qu’il m’aime,

Mais s’il m’aime pourquoi

Suis-si seule? »

Pour ce qui est du négatif, on ressent une écriture maladroite, en développement encore, avec un scénario quelque peu raccourci et manquant de maîtrise, notamment sur l’intensité de l’angoisse qu’il ne procure pas suffisamment. Mais c’est un premier roman, et cela est donc assez normal (même si ce n’est pas une excuse). J’ai par ailleurs été assez dérangée par les interruptions incessantes de coupures de presse, interviews et articles divers qui sont censés annoncer une horreur à venir. Malheureusement, au lieu d’installer un climat de tension, ils ont eu tendance à la gâcher pour moi. 

Autre bémol, sans doute dû à la traduction (je l’espère!), il y a des erreurs de syntaxe ou manque de prépositions assez courants dans mon exemplaire, ce qui donne une impression de bâclé. Ex: « Carrie n’a qu’à rentrer à pied Carlin Street ». J’ai aussi un peu de mal à saisir la personnalité de Carrie White qui ne semble pas assez approfondie malgré la complexité apparente, mais malheureusement trop survolée, de ce personnage. 

« Une sorte d’envoûtement s’était emparé de son esprit, y rayonnait comme une lumière au néon; il n’y a pas vraiment de mal à faire ça, pas vraiment de mal, pas vraiment… »

Mais comme je l’ai dit, j’ai apprécié la lecture dans l’ensemble car elle évoque des sujets qui me parlent et m’interpellent, notamment l’éducation religieuse à l’extrême, le harcèlement scolaire, la difficulté de prendre le risque de s’intégrer, etc. J’ai été touchée par Carrie, parce que derrière la façade ensanglantée il y a une âme belle qui me méritait qu’un peu d’aide et d’attention. Et j’ai apprécié les réflexions de Sue Snell qui illustre le repentir. C’est une leçon de société, certes un peu détournée, mais traduisant un amour des rejetés que je ressens comme très intime de la part de l’auteur.

En bref, Carrie est un bon roman, certes avec les défauts d’un premier essai, notamment une certaine maladresse, mais il n’en reste pas moins prometteur. Il a été adapté en film par Brian de Palma en 1974 (Carrie au bal du diable), en film télévisé en 2002 signé David Carson & en 2013 par le film Carrie, la vengeance de Kimberley Peirce. (Voir les bande-annonces des deux films ci-dessous). 

« Carrie White, dix-sept ans, solitaire, timide et pas vraiment jolie, vit un calvaire : elle est victime du fanatisme religieux de sa mère et des moqueries incessantes de ses camarades de classe. Sans compter ce don, cet étrange pouvoir de déplacer les objets à distance, bien qu’elle le maîtrise encore avec diffi culté... Un jour, cependant, la chance paraît lui sourire. Tommy Ross, le seul garçon qui semble la comprendre et l’aimer, l’invite au bal de printemps de l’école. Une marque d’attention qu’elle n’aurait jamais espérée, et peut-être même le signe d’un renouveau ! »

Bande-annonce du film Carrie au bal du diable (1974) de Brian de Palma:

Bande-annonce du film Carrie, la vengeance (2013) de Kimberley Peirce: